Et Si nos jours n'etaient plus comptés
EDGE OF TOMORROW
Réalisation : Doug Liman
Distribution :
Tom Cruise (Major Bill Caje)
Emily Blunt (Rita Vrataski)
Bill Paxton (Maitre Sergent Farell)
Brendan Gleeson (General Brigham)
4juin 2014
Durée : 1h53 min
Pitch : Terre, dans un futur très proche. Une Race Alien surnommée les "mimics" décime la population. Venus d'on ne sait où, ni pourquoi, ces derniers semblent imbattables et l'humanité se retrouve confronté à sa fin proche.
Une lueur d'espoir subsiste en la personne de Rita Vrataski, étant la seule, avec son exosquelette, à avoir fait reculer l’ennemi à Verdun.
C'est en pleine période de propagande pro new armada que le « commandant » William Cage se retrouve parachuté au front, pour promouvoir contre son gré la puissance de ces fameux exosquelettes dont il a organisé la propagande.
J'aime beaucoup cette image de propagande qu'on nous balance dès le début du film qui n'est pas sans rappeler "starship troopers".
Lui qui n'a jamais été qu'un publicitaire, soldat en col blanc à la solde de l'état, qui n'a jamais tenu une arme, va se retrouver envoyé en ligne de front pour le « débarquement », bataille décisive de cette guerre, et mourir aussi violemment une fois à terre.
Un instant plus tard il ré-ouvre les yeux sur le même tarmac où il a été debarqué comme déserteur quelques heures plus tôt, le voilà condamné à revivre cette journée en boucle... Vivre , mourir, recommencer....
Critique : AH bordel que ça fait du bien un aussi bon film de science fiction.
Edge of tomorow est avant tout une adaptation du manga « All you need is kill » lui-même adaptation du roman du même nom de Hiroshi Sakurazaka.
Et "oh mon dieu" on a entendu mes prières ! Enfin un film à grand renfort de CG au service de l'histoire et pas l'inverse. Rien que ça merci !
N'ayant lu que le manga et pas encore jusqu' a la fin, je vais vite passer sur ce que sûrement les fans du matériel de base pourraient critiquer : oui les personnage n'ont pas tous le même nom.
Il n'ont pas le même age et l'histoire n'est pas située au même endroit dans le globe, l'intrigue ne se déroule pas de la même manière , etc.
Mais en ce qui me concerne lorsqu'un film prend volontairement la peine de ne pas s’appeler de la même manière que son matériel d'origine c'est ce qu'on appelle UNE VRAIe ADAPTATION.
(si vous aimez les mangas, jetez-vous dessus tout de même,
c'est de la bonne également )
On prend le message principal, on le fait sien et on essaie de l’emmener plus loin (bon à vrai dire le film porte le même nom chez nos amis nippons donc à voir si c'est pour draguer les adeptes du manga ou si un département de com un peu mou du genou en est responsable).
Le manga, un peu trop adolescent à mon goût, est certes une « tuerie » et je pense me procurer le roman d'ici peu, mais le propos du film, lui, a été rendu plus mature et surtout plus occidentalisé.
Plus occidentalisé dans le sens où si la bataille de l'espoir s'est joué à Verdun,ce n'est pas sans rappeler une certaine Grande Guerre.
Que la bataille décisive du « Débarquement » se passe en Normandie, faisant lui-même écho à un autre débarquement d'une autre Grande guerre y joue un rôle également.
J'irai même jusqu'à noter l’opportunisme de sortir le film proche du 70ème anniversaire de l'appel du 6 juin 1944 fêté cette année : ce n'était certainement pas un hasard.
Et plus mature, car on se retrouve face à des protagonistes en plein âge mûr, dans lesquels n'importe quel clampin, qu'il ait 70 ans ou 20 ans peut se projeter et ressentir de l’empathie.
C'est toujours un peu plus compliqué quand le héros a 15 ans et agit comme un gosse capricieux, on va forcément mettre ça sur le dos de l'adolescence et perdre une partie du message.
Car première surprise dans le film, Tom Cruise/Cage est un infect connard ! il est un soldat en col blanc, plus intéressé par sa côte de popularité auprès des grands pontes, que par l'issue réelle de la guerre.
Et on éprouve une certaine satisfaction à le voir se faire envoyer au casse-pipe par le Général Brigham. Genre de sentence divine : « On récolte ce que l'on sème. »

- Y a des matins comme ça tu te dis que t'aurais dû rester couché -
Cage n'aurait jamais eu assez d'une vie pour apprendre la patience, l'humilité, ni même le respect de son prochain. Lui qui est un parfait produit de notre société consumériste et égocentriste.
Grâce à cette boucle temporelle dans laquelle il se retrouve coincé, sans savoir au début comment, ni pourquoi (et y a-t-il réellement un pourquoi ?), il va grandir, mûrir et finir par approcher celle qui selon lui pourra le sauver et les sauver tous : Rita Vrataski, « The FULL METAL BITCH », une icône de l'envergure de Ripley d'Alien. Excepté que ce n'est pas elle le héros mais bon on s'en contentera ça devient suffisament rare de nos jours.
C'est ce qu'on appelle "avoir de la prestence"
Au moment de cette rencontre, un tournant majeur s'effectue dans le récit. Cage se retrouve pris en main par Rita qui va finir son apprentissage et faire de lui une "Une Arme" et surtout un « Homme ».
La relation qui lie Cage à Rita est parfaitement jouée, juste, belle et touchante.
Cage condamné à revivre cette même journée garde en mémoire, ainsi que son corps, tout ce qu'il a vécu dans les boucles précédentes.
Mais Rita qui s'occupe de son perfectionnement, elle, ne se souvient de rien, mais telle la guerrière pragmatique qu'elle est, elle ne lui fera aucun cadeau et n'a qu'un objectif : finir cette guerre et poutrer de l'alien à coups de pelle à tarte façon Cloud de FF7 (oui je suis une geek et alors).

Bref cette femme loin des codes hollywoodiens actuels, fait du bien a voir.
Rita n'a pas besoin d'être secourue, même si Cage est persuadé du contraire et mettra du temps à comprendre. Elle est une femme forte, burnée, qui est une leadeuse dans l'âme. Elle se bat pour un futur meilleur, même si elle, elle se sait condamnée.
Les rares moments où Cage joue le citadin avec elle et où elle se livre sur son passé, ne font pas d'elle une femme fragile (le fameux « mais j'ai des sentiments aussi »). Il font d'elle un être humain, mais qui ne se complait pas dans ses moments de malheur, et l'ont rendue plus forte.
Tout ça renforcé par une excellente narration, qui emprunte beaucoup à son ainé Un jour sans fin. Raconter un parcours initiatique, sans tomber dans des lourdeurs burlesques et des effets de répétition à outrance. Aucune scène ne se ressemble et on est toujours dans l'avancement permanent . Même les moments de doute de Cage sont parfaitement mis en scène, et offrent au spectateur un léger moment de recul et de repos bien mérité avans de replonger tête la première dans l'action.
Le dosage est très bien senti entre scènes d'action et confidences sur l'explication de la boucle. Quant au background de l'invasion des aliens, il n'a d'ailleurs n'a pas de réelle explication et à vrai dire on s'en fout.
Aucune punition divine a l'horizon, juste des êtres doués d'un extrême intelligence et d'une violence rare qui viennent juste tout détruire. Là aussi bonne surprise de la part d'un blockbuster hollywoodien.
Visuellement ce film est magnifique. Les scène de batailles, trash, sans merci avec des humains dans des exosquelettes qui se croient des guerriers sanguinaires et qui se pissent aussitôt dessus une fois devant l'ennemi.
Mais là où beaucoup de films de ce style se complaisent dans la beauté de l'action, souvent trop propre et policé, ici ça explose de partout, c'est sale, ça sent la sueur et le sang, la vraie sale guerre et franchement hormis le goût de l’adrénaline, personne n'aurait envie d'être à la place des ses malheureux.
Les Aliens sont aussi terrifiants qu'ils pètent la classe, certes on n'est pas au niveau de dieu le père « ALIEN », mais on s'en approche (beaucoup plus que les espèce d'oursins géants du manga, qui avaient plus l'air d'être sortis d'un hentaï dégueulasse que d'une lointaine galaxie ) .
histoire de vous rendre compte de ce qu'étaient les mimics dans le manga... Quand je vous dis "tout droit sortis d'un hentai dégueulasse"... et encore je ne vous ai pas montré comment ils tuent leur victimes...
Et Rien que pour sa vision d'un Paris post guerre mondiale, loin des affiches publicitaires qu'on avait vues placardées ici et là, ce film vaut le coup d’œil. Car oui l'action (j'ai oublié de vous le dire) se passe principalement en France, et je vous le dis : le monde est peut être foutu mais on a réussi à passer le 21ème siècle dans les films ricains, youhou ! (si si je crois que j'ai vu une mégane ou deux par-ci par-là).
Les scènes de combat au début du film sont clairement époustouflantes et vous mettent directement dans le bain.
Tout est est bon dans ce film exceptées, peut être, les cinq dernières minutes qui franchement ne servent à rien hormis permettre aux producteurs de diffuser cette bombe en salle.
Je digresse mais c'est vrai que c'est un peu dommage de finir cet excellent film avec un tel final juste avant, sur une scène aussi préchi-précha. Même si elle a du sens.
Bref, ça me coûte d'écrire ça , mais si 5 minutes très convenues pour finir un film peuvent permettre de livrer un putain de film de SF comme ça faisait très longtemps qu'on n'en avait pas vu, et bien soit ! L'important n'est pas vraiment comment ça se termine mais plutôt comment tout cela a évolué.

Bilan : vous n'aimez pas Tom cruise, pas grave ce pauvre fou se fait complètement effacer par sa collègue Emilie Blunt qui m’impressionne à chaque film dans ses interprétations, très loin du rôle de la petite écervelée du « Diable s'habille en Prada » qui voulait voir Paris.
C'est un film humaniste, qui comme tout bon film de SF, remet l'homme et ses travers au milieu du récit en nous confrontant à des situations extrêmes et nous amène à nous poser des questions sur notre condition.
Si l'histoire n'est qu'un éternel recommencement, nous devons impérativement apprendre de nos erreur passées, prendre l'enseignement de nos mentors et ne pas oublier.
Et c'est aussi avant tout un très bon divertissement. Et après 2h j'en aurais bien repris encore.
Si vous n'avez rien a mettre sous le Sapin ce noël …. voilà juste une petite idée.
Par Darkim Lain.
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