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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 12:10

Du pain, des jeux et des moutons.

 

            J’avais envie de parler d’un jeu d’un de mes deux auteurs favoris de jeux de société, Stefan Feld. Et en fait, je n’ai pas su lequel choisir. Alors je vais vous parler de TOUS ses jeux que j’ai essayés ! L’article sera de ce fait un peu long donc divisé en deux parties.

            Pour ceux qui ne connaissent pas Feld, il s’agit d’un auteur de jeu allemand extrêmement prolifique et aux jeux très ancrés dans la gestion-qui-fait-mal-à-la-tête-mais-qui-rend-fier-de-ton-score-à-la-fin-de-la-partie. Bref, amateurs exclusifs de figurines et de lancers de dés qui dézinguent des zombies ou des monstres, passez votre chemin, même si Feld a la particularité d’instaurer dans chacun de ses jeux un mécanisme original qui va parfois introduire ce que l’on pourrait appeler de la gestion du hasard dans la stratégie.

            Pour commencer, je vais vous parler de ses deux jeux que je maîtrise le plus, après une dizaine de parties pour le premier et une vingtaine pour le deuxième.

 

 

 


Les Châteaux de Bourgogne

Illustré parJulien Delval.

Edité par Ravensburger et Alea.

2011

De 2 à 4 joueurs

1h30 - 2h

 

http://i2.cdscdn.com/pdt2/1/4/3/1/700x700/ale4005556269143/rw/les-chateaux-de-bourgogne.jpg


            Les châteaux de Bourgogne est, je crois, le premier vrai jeu de gestion à l’allemande auquel j’ai joué, et comme pour beaucoup de joueurs ça a été ma première rencontre avec l’auteur Stefan Feld. J’étais un peu dubitatif au début à cause de la froideur du matériel et de l’aspect graphique : des petites tuiles partout, des plateaux très abstraits et assez peu l’impression de bâtir quelque chose. Mais dès ma première partie, j’ai été subjugué par sa mécanique plus qu’efficace. L’auteur a eu la bonne idée (et ce sera quelque peu sa marque de fabrique) de demander au joueur de faire de la gestion tout en s’adaptant au hasard. Ici, chaque joueur lance deux dés, et pourra transformer chacun de ces dés en une action (parmi quatre possibles). Seulement, la tuile que nous pourrons nous procurer ou placer (ou la marchandise que nous pourrons vendre) dépendra du résultat du dé, aménageable grâce aux ouvriers… qu’on pourra se procurer pour une action, c’est-à-dire globalement en sacrifiant un dé.

            Cette explication doit paraître incompréhensible pour beaucoup, et c’est normal, mais elle peut permettre de donner une idée de la richesse du jeu et de la profondeur des choix qu’il nous offre. Il y a plusieurs façons de gagner des points de victoire, et toutes sont payantes : développer très vite notre territoire en fermant des « enclos », élever des animaux, gagner des points sur les bâtiments construits, ou encore vendre des marchandises. Tout est intéressant et tout est payant, et il faudra parfois surveiller les autres et joueur un peu contre l’adversaire en prenant quelque chose de peu rentable pour nous mais trop rentable pour l’autre. Feld introduit tout un tas de mécanismes très intelligents : les bateaux, ou la lutte incessante pour être premier joueur, ou encore les « actions gratuites » qui sont un moyen non-négligeable de contourner la limite des deux actions par tour.

 

http://www.oya.fr/dotclear/images/Burgund-plateau.jpg


            Pour tous ceux qui ont envie de développer leur terrain viticole en Bourgogne… passez votre chemin ! Le titre témoigne d’une méconnaissance drôle de la France car en réalité c’est un château de la Loire que nous construisons (et encore). Mais le titre allemand – Die Burgen von Burgund – proposait un jeu de mots, et voilà le thème trouvé. C’est dire s’il est anecdotique dans les jeux à l’allemande ! Mais le jeu propose une mécanique plus qu’efficace et un aspect stratégique à proprement parler excellent, et je ne saurais trop le conseiller à ceux que son aspect ne rebute pas, et à ceux qui n’ont pas peur de réfléchir pendant longtemps car la durée d’une partie est, il faut l’avouer, un peu longue, surtout à quatre joueurs.

 

http://club.quomodo.com/jeux-te-dis/uploads/images/26/120331_120821.jpg

 


Trajan

Illustré par Jo Hartwig

Edité par Gigamic

2012

De 2 à 4 joueurs

1h30

 

http://gusandcodotnet.files.wordpress.com/2011/07/pic1054375_md.jpg


            Trajan est le deuxième jeu de Feld que j’ai essayé, et pour moi c’est son meilleur. Il y est question d’Empire Romain,  et d’attentes du peuple, et c’est peut-être un des jeux les moins froids de l’auteur. Superbement édité (en français par les éditions Gigamic, qui proposent là leur deuxième jeu de gestion après Descendance, quels bons choix !).

            Comme dans les Châteaux, et comme dans tous ses jeux, nous avons le choix entre six actions possibles : le forum, la construction, les campagnes militaires, le commerce, l’arc de Trajan ou le Sénat. Mais pas vraiment le choix, en fait, puisque tout va dépendre des actions que l’on pourra faire en fonction d’une mécanique… (suspense, c’est la particularité du jeu !) d’awalé sur notre plateau joueur ! Ce choix est excellent car il propose des tactiques et des stratégies très intéressantes, d’autant plus que le nombre de pions que l’on égrainera pour arriver à notre case d’action d’arrivée fera avancer le marqueur de temps, qui déterminera la fin des manches et de la partie ! Quand on sait qu’à chaque fin de manche, il faut disposer de certains jetons de demandes du peuple (du pain, des jeux et la religion) sous peine de perdre des points, il va falloir bien penser notre optimisation des actions, et ne pas être bloqué dans l’impossibilité de faire une action à cause de mauvais déplacements sur notre awalé. De plus, avec les projets « Trajan », la couleur des pions disposés dans la case d’arrivée peut permettre de gagner des bonus non-négligeables, et il va falloir sérieusement se creuser la tête pour faire arriver les bons jetons au bon endroit. Bref, un gros challenge intellectuel sans pour autant paraître trop froid et complexe.

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSOIDdoyQ3D43d2Mxvn50IxPJxJbhN9r7WObZXjErgnFeh4O1l-PimH3z-80g


            Comme dans les Châteaux, certaines actions permettent des actions gratuites, et ce mécanisme permet clairement de rendre nos actions plus utiles, certaines étant totalement faibles (exemple : piocher, en commerce). Les pions « actions supplémentaire », les actions gratuites de première construction ou  encore les bonus des tuiles Trajan (les « +2 » ou les envois de soldats ou d’ouvriers) seront des éléments qui feront la différence et empêcheront nos coups d’être trop pauvres et trop peu rentables. Par contre, on oublie cette fois-ci la mécanique de premier joueur surpuissant, et ça fait du bien tant le jeu est fluide et s’écoule de façon totalement claire et linéaire.

            Toutes les actions sont susceptibles de rapporter des points de victoire, et il faudra essayer de jouer sur tous les terrains et ne rien négliger pour être sûr de ne pas se faire dépasser au décompte final. A force de jouer, je m’aperçois que certaines actions sont bien plus payantes que d’autres : à mon humble avis, la construction, ses bonus et ses points de victoire en cas de lots sont clairement ce qui peut faire gagner ; a contrario la vente de marchandises rapporte beaucoup de points à un moment mais cela prend beaucoup de temps et n’est au final que peu rentable. J’aime bien par contre le Sénat qui paraît un peu faible jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il permet de récupérer les tuiles Sénat qui peuvent rapporter beaucoup de points en fin de partie. Le jeu fait donc clairement dans l’opportunisme et il faudra prendre de bonnes décisions tout en ne se fermant aucune porte à cause d’une mauvaise utilisation de l’awalé.

            Bref : mon jeu préféré de Stefan Feld, et il a déçu peu de joueurs jusqu’ici. Si on peut le trouver très complexe et dense au début, dès la deuxième partie tout devient clair et facile à discerner. Et puis, essayez Bora Bora pour comparer et vous verrez ce que j’appelle « fluidité » dans Trajan. Mais ça, ce sera pour le prochain article !

 

http://bdml.free.fr/trajan_plateau1.jpg

 

Par Robert Mudas.

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