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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 11:32

Super-héros, rassemblement !

(Oui, le sous-titre est pourri, mais la Sélection du dimanche a déjà proposé le seul vrai titre possible…)

 

Editions UPPER Deck

Un jeu de Devin Low

Illustré par des illustrateurs de comics non crédités (bouh, bouh, bouh)

2012

 

De 1 à 5 joueurs

1h environ

60-70 euros

 

 

  Legendary : A Marvel Deckbuilding Game est un jeu de deckbuilding, semi-coopératif, disponible en anglais seulement, et proposant de très nombreuses extensions. Cela fait beaucoup d’informations en même temps, et je vais donc essayer de reprendre point par point ces particularités !

  Déjà, qu’est-ce que c’est donc qu’un deckbuilding ? Le deckbuilding, popularisé notamment par le très bon Dominion, est un genre de jeux dans lequel tous les joueurs commencent avec les mêmes cartes, puis vont ajouter de nouvelles cartes plus puissantes à ce jeu en essayant de ne pas trop l’alourdir tout en le rendant plus fort. « Alourdir » ? Oui, car on joue à chaque tour un certain nombre de cartes, on les défausse toutes à la fin du tour et on en pioche de nouvelles. Ainsi, contrairement aux jeux classiques, on ne garde aucune carte d’un tour sur l’autre mais on fait au contraire tourner son jeu constamment : c’est le principe du deck. Il faut donc faire en sorte de se débarrasser des cartes faibles, et prêter attention aux cartes que l’on « achète » pour compléter notre deck afin qu’elles fonctionnent bien ensemble et permettent des combinaisons efficaces. C’est là l’aspect stratégique très intéressant de ce système puisque l’on construit littéralement son jeu et la partie verra s’il est efficace.

  Cette mécanique a déjà été utilisée dans de nombreux jeux dans différents univers, mais Legendary Marvel a le bon goût de l’adapter aux super-héros Marvel. Nos cartes de base sont des agents du SHIELD (pour ceux qui ne connaissent pas l’univers… je ne prendrai pas la peine d’expliquer, na !) proposant de faibles valeurs sur deux icônes : le recrutement, permettant de se procurer des cartes de super-héros plus puissantes, ou le combat permettant d’éliminant les vilains menaçant la ville. Cinq super-héros sont disponibles pour améliorer votre deck (parmi les 15 de la boîte de base) et chacun propose une stratégie différente qu’il va falloir efficacement combiner avec les autres. A la tête de ces vilains, un mastermind (quatre différents dans la boîte de base) avec une valeur de combat spécifique. Quand un joueur arrive à réunir en un tour cette valeur de combat, il peut attaquer ce gros vilain pas beau. Si cela arrive quatre fois, la partie est gagnée par les joueurs, et on fait le compte de tous les ennemis abattus par chacun (et des civils sauvés) ; celui qui a le plus de points gagne. La mécanique est très simple et explicable en 5 minutes, voire, comme le dit la règle, en un tour de jeu direct !

 

 

  C’est donc un coopératif compétitif qui est proposé ici, et c’est une expérience de jeu très intéressante, car les joueurs peuvent aussi tous perdre ensemble. Si le mastermind n’est pas vaincu dans les temps, c’est une défaite collective. De même, à chaque partie, un scénario sera proposé : le Scheme. Celui-ci instaure des règles particulières et des conditions de défaite précises. Ainsi, en fonction du scheme, du mastermind, des groupes de vilains présents, des super-héros disponibles, le jeu est différent, ce qui fait de chaque partie un moment unique. Niveau renouvellement, on peut difficilement faire mieux donc. En plus de cela, de nombreuses extensions (j’en parlerai en fin d’article) se sont ajoutées progressivement, enrichissant encore plus l’étendue de ce jeu. L’aspect à la fois compétitif et coopératif dépend du nombre de joueurs : très dur à 4 ou 5, le jeu demande vraiment de la concertation, alors qu’à 2 joueurs, on est dans de la compétition pure. Le jeu peut aussi se jouer seul, comme un défi solo à affronter.

  Je devine des intéressés qui se seraient arrêtés à la mention de la première phrase : « en anglais ». C’est ce qui m’a fait hésiter personnellement, car j’avais peur que mes joueurs soient rebutés, et je voulais attendre une version française… Mais j’ai eu beau attendre, rien ne s’est profilé à l’horizon (question de droits je suppose…) et rien n’est encore annoncé alors qu’une sixième extension arrive… J’ai donc craqué mais ce jeu légendaire s’est mérité car il a été très difficile de me procurer la boîte de base. Alternativement, celle-ci et les extensions sont en rupture chez les différents distributeurs français, et ce n’est donc parfois pas simple d’avoir ce très bon jeu dans sa ludothèque. Pour en revenir à l’anglais : rien de gênant, les textes sont très simples. La seule difficulté sera peut-être de lire et comprendre la règle mais il suffit d’un joueur bien pédagogue et le tour est joué. Le prix peut également en arrêter plus d’un : entre 60 et 70 euros pour un jeu de cartes, c’est fort ! Il faut penser qu’il y a sûrement derrière cela la question des droits Marvel et poser la tronche de Spiderman sur une couverture a clairement un prix.

  Au final, je ne regrette pas du tout l’achat tant le jeu a vite été rentabilisé (si tant est qu’un jeu puisse être rentabilisé). J’ai cependant été déçu par le matériel : les cartes sont sympathiques et les illustrations bien choisies, mais la boîte n’est pas du tout pratique pour ranger cette masse de cartes ! Un thermoformage à la Smash Up pour distinguer les familles de cartes aurait été bienvenu, surtout à ce prix. En somme, ce sera souvent au possesseur du jeu de construire son propre rangement (j’ai opté pour les séparateurs customisés personnellement) afin de rendre la mise en place et le rangement moins laborieux (car il faut avouer que cela peut prendre un certain temps !).

 

 

  Pour entrer davantage dans les détails, le jeu est également très appréciable pour son respect envers l’univers Marvel : Loki essaiera de semer le trouble dans l’équipe, Magnéto est l’ennemi attitré des X-Men, Spiderman fonctionne mal avec des grosses frappes mais très bien avec des petits super-héros, Malicia s’approprie les meilleurs pouvoirs des autres, Nick Fury s’appuie sur les agents du SHIELD, Wolverine régénère tandis que Cyclope est plus fort quand il fait des sacrifices, etc. Quant à Deadpool, il est totalement fou et ses stratégies sont idiotes mais peuvent fonctionner à merveille. C’est Deadpool, quoi... Les spécificités de chaque héros ont été choisies en fonction de leur personnage dans les comics et c’est souvent extrêmement bien vu. Bref, le jeu est bourré de clins d’œil pour qui saura les voir. Pour tout dire, les héros qui fonctionnent les mieux ensemble sont souvent ceux qu’on a déjà vus en équipe dans l’univers Marvel, ce qui est amusant.

 

 

Les extensions :

  Comme je le disais, une foultitude d’extensions vient encore étoffer ce jeu déjà riche. J’en possède trois personnellement, et il est vrai que les combinaisons possibles sont maintenant impressionnantes. Cependant, avec maintenant 42 héros dans ma boîte (!!!), les équipes sont parfois improbables. Difficile par exemple d’espérer une combinaison avec les Avengers sachant qu’ils ne sont que 6 parmi tous ces héros. Il peut donc parfois être intéressant de ne pas tirer au hasard les personnages à sélectionner mais plutôt de créer des scénarios : tous les Avengers contre Loki qui veut détruire l’héliporteur du SHIELD, des X-Men menés par Cable contre Sinistre qui veut enlever Hope, les Quatre Fantastiques et le Surfer d’Argent contre Galactus, etc. Un fan des comics peut facilement choisir lui-même le Scheme, le Mastermind, les Vilains et les Héros afin de recréer une histoire existante, et c’est, il faut l’avouer, très enthousiasmant à jouer… En général, le jeu est rendu plus difficile par les extensions, certaines familles de vilains étant particulièrement ardues à combattre.

  Petit point sur les 3 extensions que je possède, en passant sous silence celles que je n’ai pas (Les Gardiens de la Galaxie, permettant de jouer Rocket Racoon contre Thanos – ça fait rêver – ou encore Vilains qui retourne le jeu en nous faisant interpréter les méchants contre les super-héros) :

 

 

 

Dark City :

  Avec 17 nouveaux héros et 5 Masterminds, cette grosse boîte est plus riche que le jeu de base ! Elle propose quelques nouveautés bienvenues, comme la capacité Teleport, permettant de garder une carte pour le tour suivant, ou Versatile permettant de choisir entre recrutement et combat (Bribe ne m’a pour l’instant pas convaincu, par contre). C’est avec plaisir que Jean Grey, Punisher, Daredevil, Angel ou encore Ghost Rider partiront au combat contre des méchants ardus comme le Caïd, Mr Sinister, Méphisto lui-même ou encore Apocalypse !

  L’extension propose également une nouveauté bienvenue : de nouveaux civils (les Bystanders) particuliers qui offrent des pouvoirs quand on les sauve. De plus, le jeu de base tournait un peu en rond avec ses quatre familles de Henchmen Vilains, ces dix cartes identiques qui envahissent le deck vilain pour se faire la main. Avec deux nouvelles familles, le jeu acquiert de la richesse et du renouvellement. A noter également qu’à partir de cette extension, les super-héros bénéficient de quatre illustrations différentes, ce qui est plutôt agréable pour un jeu inspiré de comics…


 

Fantastic Four :

  Vous l’avez compris, la famille légendaire de Marvel et son pote le Surfeur d’Argent arrivent dans le jeu avec un nouveau pouvoir : le Focus, qui permet de dépenser des points de recrutement pour d’autres actions, idéal en fin de partie quand recruter n’est plus utile. Face à eux, des vilains très retors comme les Hérauts de Galactus et leur Cosmic Threat qui nous fera revoir toute notre stratégie et la Subterranea de l’Homme-Taupe et leur capacité Burrow fatigante. Galactus amène en mastermind des parties complexes et intenses, qui changent totalement le mode de jeu avec une nouvelle condition de défaite.

 

 

 

Paint the Town Red :

  Les connaisseurs du jeu se sont vite aperçus que le pauvre Spiderman de la boîte de base était trop isolé pour être efficace. Peu puissant en lui-même, il ne fonctionne qu’en combinaison avec des cartes faibles, trop rares dans les premiers héros. C’est chose réparée avec cette boîte aux couleurs de l’araignée. Si les héros choisis sortent un peu de derrière les fagots, les combinaisons proposées sont très enthousiasmantes, notamment grâce à la capacité Wall-Crawl qui permet de jouer au prochain tour les héros que nous venons d’acheter. Face à eux, Mysterio et Carnage donnent du fil à retordre, surtout ce dernier et la capacité Feast de ses vilains, qui tuent la première carte de notre deck (pas de bol si c’était une bonne carte)… L’extension propose donc de jouer sur la première carte de notre deck et il faut essayer dans ce jeu de toujours savoir ce qui arrive finalement. Comme le sixième sens de ces héros-araignées, oh que c’est subtil.

 

 

  Voilà pour ce tour d’horizon d’un jeu très riche et plaisant à jouer, peu connu en France bien que les spécialistes en parlent de plus en plus, et pourtant facilement accessible à tous. Un coup de cœur chez moi, et pour l’ensemble de mes joueurs : il n’est pas rare que deux ou trois parties s’enchaînent, même avec des joueurs peu réceptifs à l’univers Marvel.

 

Par Robert Mudas.

 

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